La Cour Constitutionnelle a proclamé les résultats définitifs de la présidentielle de 22 février 2020. Sans surprise, la Haute Cour chapeautée par le Juge Aboudou Assouma a déclaré vainqueur Faure Gnassingbé, avec 70, 78 % des suffrages. Une victoire à la pirusse dirait-on.

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Sans surprise !

La Commission nationale électorale indépendante (Ceni)  de Tchambakou Ayassor avait déjà jeté les bases. La Cour Constitutionnelle de Aboudou Assouma est venue confirmer. Avec 70,78%, Faure Gnassingbé est déclaré vainqueur, dès le premier tour, du scrutin présidentiel du 22 février dernier.

Ceci contre 19,48% pour Agbéyomé Kodjo, son poursuivant immédiat pendant que Jean-Pierre Fabre ferme la marche du podium avec 4,68%.

Ainsi s’ouvre au fils du Gal Eyadema, un quatrième mandat pour lequel il s’est battu contre vents et marées, au point même de se tailler des textes et institutions à sa mesure.

Et pourtant…

Nombreuses sont les voix qui s’élèvent depuis la proclamation provisoire des résultats, par la Ceni, contre ce qui porte tous les éléments  d’une mascarade électorale. Et pour cause, outre les innombrables cas de violations du code électoral enregistrés lors de la campagne électorale, le pouvoir de Lomé s’est aussi négativement illustré lors du scrutin par des cas multiples de bourrages d’urnes.

De flagrantes infractions ayant accouché des chiffres pour le moins indignants, avec, le plus souvent, le nombre de votants qui dépasse largement celui des voix décomptées. Ce qui ne peut laisser indifférent nombre d’observateurs avisés de la scène politique qui ont émis de sérieux doutes sur la crédibilité du scrutin.

Les États-Unis…

À commencer par l’ambassade des États-Unis au Togo qui, dans un communiqué rendu public la semaine dernière, a d’entrée félicité le peuple togolais pour son élection pacifique. Puis encouragé la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à travailler de manière constructive avec toutes les parties pour traiter toute réclamation concernant toute irrégularité constatée le jour du scrutin.

Et de demander, en conclusion, la proclamation des résultats bureau de vote par bureau de vote. Une mesure qui, souligne le première puissance mondiale, pourrait accroître la transparence et la confiance de tous en les résultats finaux.

Le communiqué a, par ailleurs,  dénoncé le refus, par le gouvernement, de la participation active de la société civile qui devrait apporter crédibilité, transparence et intégrité au processus électoral. «Ne pas permettre leur pleine participation était une occasion manquée pour le gouvernement et le peuple togolais», a-t-il conclu .

Herman Jay Cohen…

À la suite des États-Unis d’Amérique, vient Herman Jay Cohen. Dans un tweet, l’ancien et très influent Secrétaire d’Etat américain aux Affaires africaines de 1989 à 1993 estime que des sources fiables en République du Togo l’informent que le vrai vainqueur de la récente élection présidentielle est Agbeyome Kodjo avec 67 % des suffrages.

«Félicitations à Monsieur Kodjo», a-t-il ajouté tout en se  félicitant de l’ouverture d’une nouvelle ère dans les relations entre Lomé et Washington.

 Mais avant, ce dernier reconnaissait déjà qu’au Togo, il est de plus en plus évident que les résultats de la récente élection présidentielle ont fait l’objet de manipulations et de fraudes.

Pour cela,  propose t-il, «La commission électorale devrait faire un recomptage honnête sous observation internationale pour permettre une confiance du peuple togolais en les résultats».

L’Eglise catholique…

Comme cela ne suffisait pas, c’est l’Eglise catholique qui, à travers la Conférence des Évêques du Togo (CET) monte également au créneau pour dénoncer un certain nombre d’entraves qui remettent sérieusement en cause, la fiabilité du scrutin.

«Les Evêques ont vu avec consternation, les violences qui ont été perpétrées à l’intérieur du Collège Saint Joseph ce vendredi 28 février, lieu où se sont réfugiées les personnes dispersées par les Forces de Sécurité. Elle condamne de nouveau, avec un sentiment de profonde indignation, ces intrusions abusives dans les espaces privés et sacrés de l’Eglise, et demande le relâchement de tous ceux qui ont été interpellés dans ces conditions», lit-on dans le message des évêques du Togo qui estiment que si l’élection présidentielle du 22 février 2020, dans son ensemble, s’est déroulée dans un climat relativement apaisé, elle ne saurait l’être pour ce qui concerne la transparence et l’équité de ce scrutin.

Ainsi, afin de résoudre la crise qui s’est installée dans le pays et restaurer la confiance, la Conférence des Evêques exhorte les différents protagonistes et les instances du processus électoral à œuvrer pacifiquement au rétablissement de la vérité des urnes.

Pluie de pressions… face à la souveraineté dans la fraude

Toutes ces réactions constituent de l’eau débordante ajoutée au moulin des candidats de l’opposition qui, dans leur ensemble, rejettent non seulement les résultats, mais exigent aussi le recomptage des voix. Ceux-ci sont rejoints dans leurs revendications par des partis qui étaient en marge du scrutin, notamment le Pnp, le Parti des togolais et le Car, entre autres.

C’est, en somme, une constellation de pressions qui, à ne point douter, constituent une vague énorme sur Faure Gnassingbé et son gouvernement qui se taillent désormais un adversaire de taille que les États-Unis, et indirectement le Vatican qui a également mis la loupe sur le Togo.

Malgré l’offensive diplomatique actuelle des émissaires de Faure en Europe, tentant d’expliquer la victoire à la soviétique de leur Poulin tri-mandataires sur fond de fraudes massives, ce n’est donc un secret pour personne que ce bras de fer qui s’ouvre entre Lomé et Washington ne saurait perdurer sans déteindre sur les nombreux programmes de développement auxquels postule le gouvernement togolais, à l’instar du Millénium  Challenge Corporation (Mcc)  et l’Agoa. D’où tout l’intérêt pour le pouvoir de Lomé,  de se rendre désormais plus docile en matière de respect des principes démocratiques.

Il est plus qu’évident qu’au delà des relations diplomatiques de sourire,  elles sont assises avant tout sur un rapport de force. Et ce n’est point la première fois depuis les événements du 19 août 2017 que les États brandissent un carton Jaune au pouvoir togolais. Déjà fin 2017, un rapport du département d’État américain a traité le Togo de mauvais élève dans le respect des droits humains citant notamment les violences inouïes dont été objets les manifestants tout le long de la vague du 19 août 2017.

Fin 2018, les USA ont cloué la copie de Faure Gnassingbé pour son accession aux milliards du programme MCC parce qu’ils ne trouvent point crédible ce qui a été organisé le 20 décembre 2018 comme législatives. On en était là quand la secrétaire d’État adjointe aux affaires Africaines a été dépêchée à Lomé fin 2019 pour signifier clairement aux régents de Lomé l’importance que le pays de Trump accorde à la mise en place d’institution crédibles pour l’organisation de la présidentielle de 2020.

La résultante de cette visite de Mme Braid a été la mise sur pied en un temps record de l’actuelle cours constitutionnelle incomplète mais qui siège comme tout y était complet dans le meilleur des mondes. L’envoi de la NDI en février dernier pour appuyer la Cnsc dans l’observation du scrutin du 22 février participe, comme une cerise sur le gâteau, à la volonté résolue des USA d’instiller cette fois la crédibilité dans le scrutin’ qui décidera de l’alternance au Togo depuis plus d’un demi-siècle.

Mais la suite, on la connaît. Si malgré la récalcitrante du club régent de Lomé, les Usa ont choisi de revenir pour exiger la proclamation des résultats bureau de vote par bureau de vote , c’est dire qu’on n’est point dans une cantate. Ceux qui ont décidé de crier «souveraineté» selon que le climat les arrange ou pas doivent savoir qu’ils se sont engagés dans une bataille d’altitude avec l’aigle.

Fraternité

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