Dans un pays africain multiethnique, le Président de la République est censé offrir un service équitable à toutes les ethnies. Qu’il le fasse ou qu’il ne le fasse pas, son ethnie a tendance à se croire au-dessus des autres et, de ce fait, à prétendre à des privilèges. L’ethnie « présidentielle » génère une poignée d’individus pour qui le respect de la loi est le moindre des soucis.

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A l’ombre de la marginalité, ils se bâtissent une carrière et une promotion qui ne tiennent que l’espace du mandat présidentiel. Ils ont donc intérêt à ce que ce mandat dure le plus longtemps possible et sont prêt à tout entreprendre, même en marge de la loi, pour qu’il dure. Telle est la manière dont une ethnie s’implique dans le pouvoir en Afrique.

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Le Togo est un pays multiethnique. Il n’échappe pas à l’implication politique de l’ethnie. Mais dans ce pays dirigé par l’Armée, cette déviance se voit multipliée par trois.

Premièrement, ce n’est pas l’ethnie « présidentielle » qui a choisi son « fils », c’est l’Armée qui le lui a imposé ; le choix de son chef implique celle de l’ethnie élue, celle de ce chef. L’ethnie « présidentielle » est donc « militarisée » et ses marginaux sont pour l’essentiel d’anciens militaires à la retraite.

Deuxièmement, le chef de l’Etat, « fils » de l’ethnie élue, n’a jamais été élu ; c’est l’Armée qui l’installe, par coup d’état ou par fraude électorale ; du coup, les marginaux saprophytes ont perdu le sens de l’alternance et se sont installés dans la durée : dans les régions, là où ils sont allogènes, ils arrachent des terres ainsi que l’autorité traditionnelle aux autochtones, pour le recrutement à la Fonction publique et dans l’Armée la simulation de concours pour les postulants membres de l’ethnie élue, ne se cache plus, etc.

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Troisièmement, la durée. Si chaque mandat ou couple de mandats avait son ethnie, les ethnies seraient certaines que le Togo leur appartenait à toutes. Or, depuis plus d’un demi-siècle c’est la même ethnie qui est « présidentielle ». Ses marginaux ont fini par avoir la grosse tête. Le Togo leur appartiendrait à eux seuls, les autres passant pour des étrangers qui ne savent pas tenir leur place.

Pendant ce temps, la majorité des membres de l’ethnie « présidentielle » souffrent, souffrent comme souffrent les autres ethnies. En témoignent les instituteurs, les infirmiers et autres agents de l’état en service dans les structures de base de la Kozah, le pays de l’ethnie élue. Mais il y a des souffrances honteuses.

Quand ton enfant, jouissant d’un certain pouvoir, chicotte injustement des gens dehors et que, rentré à la maison, il te chicotte deux fois plus parce qu’il ne trouve pas en toi le soutien des actes qu’il pose dehors, auprès de qui peux-tu demander secours ? Ses victimes de dehors seraient même contentes de te savoir victime, toi aussi, de leur bourreau. Alors tu te contentes de souffrir dans le silence.

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A la vérité, il y a bien longtemps que le kabiyè profond a lancé un cri de secours aux Togolais. Mais tels des boules Quies, nos préjugés ont bouché nos oreilles.

Quel geste est-il salvateur pour le Togo aujourd’hui ? Est-ce de brandir une machette contre tout ce qui est Kabiyè ? Notre machette n’atteindrait que la victime kabiyè du marginal kabiyè, le victimeur, lui, est déjà préparé à y parer. Le geste salvateur est de déboucher et curer nos oreilles pour entendre son appel, le cri silencieux et digne du peuple kabiyè profond ?

Zakari Tchagbale

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