By Fo-Koffi Djamessi

[LOME, TOGO] Des chercheurs de l’Institut Togolais de Recherche Agronomique (ITRA) expérimentent la culture sous serre, pour améliorer le rendement dans la filière tomate.
Près de 45% des ménages agricoles cultivent la tomate au Togo, selon les chiffres du ministère de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Cependant, le pays importe chaque année un volume important de tomates fraîches, du fait de l’insuffisance de la production locale.
En 2016 par exemple, la production de la filière a été estimée à 11.589 tonnes, tandis que les importations ont été évaluées à 29.157 tonnes.

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“En moyenne, nous avons eu un rendement de 23 tonnes par hectare sous serre contre 15 tonnes par hectare à l’extérieur, lorsque toutes les conditions sont réunies, soit une augmentation d’environ 53,3%.”

Kossi Kpemoua, directeur scientifique de l’ITRA.

Dodji Adjata, enseignant-chercheur à l’École Supérieure d’Agronomie (ESA) de l’Université de Lomé, explique ce déficit de production par une maîtrise insuffisante de l’eau par les producteurs, ainsi que la disparité des conditions climatiques entre le Nord et le Sud, les deux principales zones de production du Togo.
Pour qu’il y ait fructification, explique le chercheur à SciDev.Net, la tomate a besoin d’un niveau optimal d’eau, d’une forte humidité, ainsi que d’une variation de température d’au moins dix degrés (10o C) entre le jour et la nuit.
« Ces conditions sont généralement présentes dans le Nord du Togo, en saison pluvieuse et en saison sèche. Par contre, dans le Sud, il n’y a qu’en petite saison des pluies que les conditions sont propices à la production », a précisé Dodji Adjata.

Résultats

Outre les mauvaises conditions climatiques, il faut compter les attaques des ravageurs et le pourrissement des fruits, du fait des mauvaises conditions de conservation, selon Komi Amewotodji, un jeune maraîcher.
Komi Amewotodji confie avoir perdu une grande partie de ses investissements, l’année dernière, à cause des attaques de ravageurs.
« Près de la moitié de ma production ne pouvait pas être commercialisée parce que les tomates étaient infectées malgré les produits [pesticides] que j’ai utilisés », a-t-il confié.
A l’ITRA, les chercheurs estiment que les résultats de la serriculture expérimentée à Davié (46,59 km au Nord de Lomé) pourraient redonner espoir aux producteurs togolais.
« En moyenne, nous avons eu un rendement de 23 tonnes par hectare sous serre contre 15 tonnes par hectare à l’extérieur, lorsque toutes les conditions sont réunies, soit une augmentation d’environ 53,3% », confie à SciDev.Net Kossi Kpemoua, le directeur scientifique de l’ITRA.
Sous serre, explique-t-il, les plants sont soumis à des conditions climatiques optimales régulièrement contrôlées, qui ont eu un effet positif sur leur cycle de vie et sur leur rendement.

Cultivars

« La serre permet également de contrôler le niveau d’eau des plants et les attaques des ravageurs ainsi que les risques de maladies liées aux champignons microscopiques», souligne Kossi Kpemoua.
En dehors de la tomate, l’expérimentation a été effectuée sur des variétés améliorées de concombre avec un rendement cinq fois plus élevé qu’à l’extérieur, selon le directeur scientifique de l’ITRA.
Même s’il apprécie les résultats de l’expérimentation, Dodji Adjata pense que les coûts liés à la mise en place des infrastructures et la complexité de leur gestion pourraient être un obstacle à l’adoption de la technologie par les producteurs.
« Ce qui serait intéressant, c’est que des mesures soient prises pour l’installation de ces dispositifs dans les zones de production ou pour faciliter l’accès aux équipements des coopératives de producteurs », propose Dodji Adjata.
En attendant, le chercheur estime que l’accompagnement des producteurs dans la maîtrise des techniques d’irrigation et de stockage des récoltes, ainsi que la gestion des maladies restent des enjeux importants.
« Il faudra également poursuivre les recherches sur les cultivars capables de résister aux variations climatiques surtout dans le Sud du Togo », a-t-il conclu.
 

 
This article was originally published on SciDev.Net. Read the original article.

 

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