C’est officiel depuis le 31 décembre 2019. Agbéyomé Kodjo est le candidat unique des “forces démocratiques” pour l’élection présidentielle du 22 février prochain. S’il est l’aboutissement de plusieurs semaines de tractations initiées par Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, ce choix pourrait bien être guidé depuis d’autres laboratoires.

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Les réactions après la désignation de l’ancien premier ministre comme celui qui sera le porte-flambeau d’une frange de l’opposition à la présidentielle de février sont diverses. Si pour certains, l’ancien dauphin de Gnassingbé Éyadéma est l’homme idéal à même de provoquer la chute d’un système qu’il a lui-même servi pendant de longues années avant de s’en séparer, d’autres y voient un “foutage de gueule” à l’égard des Togolais qui voudraient mieux que ça. D’autres encore vont jusqu’à considérer ce choix comme un boulevard ouvert devant le candidat du parti au pouvoir car, soutiennent-ils, le plus grand enjeu de ce scrutin avec Agbéyomé Kodjo comme candidat de l’opposition, sera l’abstention.

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À la C14 (regroupement de 14 politiques de l’opposition aujourd’hui réduit à quelques partis seulement), pas de réaction officielle. Pour Kohan Binafame des Forces Démocratiques pour la République (FDR), “choisir Agbéyomé comme candidat unique de l’opposition, c’est comme profaner la tombe de tous les Togolais qui sont morts au nom de la lutte pour l’alternance”. Une réaction qui contraste avec la position de Me Dodji Apevon, le patron du parti, et son staff, qui seraient plutôt favorables au choix du prélat.

Même s’ils n’osent pas le dire publiquement, les leaders et militants de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) considèrent le choix porté sur monsieur Kodjo comme une “plaisanterie” face à leur leader Jean-Pierre Fabre qui a obtenu au moins 30% lors de dernières élections présidentielles.

L’Alliance pour la démocratie et le développement intégral (ADDI) du prof Aimé Tchabouré Gogué, qui a participé à tout le processus et qui occupé la deuxième place du choix de Mgr Kpodzro, derriere Agbéyomé et devant Ekoué Gamesu Kpodar, n’a pas attendu longtemps pour préciser sur les réseaux sociaux que le parti n’est ni de près ni de loin associé au choix du prélat Kpodzro.

Quant à Mouhamed Tchassona Traoré du Mouvement citoyen pour la démocratie et le développement (MCD), “Mgr Kpodzro n’a pas tenu compte des observations et propositions à lui faites par rapport à cette affaire de candidat unique”. Le candidat déclaré au scrutin du 22 février a, dans son message de vœux de nouvel an, critiqué ce choix qui a été opéré “sans tenir compte du poids politique des différents acteurs impliqués dès le début du processus”.

Mais au fond, pourquoi Mgr Kpodzro a-t-il porté son choix sur Gabriel Messan Agbéyomé Kodjo alors que beaucoup espéraient naturellement voir Jean-Pierre Fabre par exemple ?

Le choix du prélat serait guidé par l’ordre divin, se défend-on dans l’entourage de l’ancien président de la Conférence nationale. Pour en arriver là, l’archevêque aurait même dû convaincre le clergé catholique qui lui aurait demandé si son choix était préférable à celui de deux autres anciens pontes du régime en place. “L’élément nouveau qui intervient cette fois, c’est la foi”, ne cesse de marteler Mgr Kpodzro.

D’après une source proche du dossier, Agbéyomé Kodjo aurait le soutien d’anciens caciques du pouvoir en place aujourd’hui déterminés à mettre fin au système qu’ils ont servi avec zèle et dévouement et qui a fini par les avaler et dont nous dévoilerons les noms au moment opportun. Les partisans du choix de monsieur Kodjo considèrent cela comme une chance formidable pour “provoquer la chute du régime cinquantenaire”.

Agbéyomé Kodjo, un choix de raison, stratégique pour la fin d’un régime qu’il a servi jusqu’en 2002 et qu’il maîtrise mieux que ses alter ego politiques qui combattent aujourd’hui le pouvoir? Ou “un choix qui ne repose sur aucune réalité politique”? Qui sont les réels soutiens du patron du MPDD? Quel est aujourd’hui leur poids politique en interne comme à l’extérieur ? Suffisant pour inquiéter le candidat du parti présidentiel dont on ignore encore le nom à moins de deux mois de l’élection? En tout cas, Agbéyomé Kodjo dont on dit qu’il serait un fin stratège très redouté par ses anciens amis, compte aller jusqu’au bout et promet l’alternance cette année 2020. Le 22 février, c’est dans moins de deux mois.

Source: courrierdafrique.net

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