Le crime se nourrit du silence, dit-on souvent, et les dictateurs n’aiment pas qu’on les déshabille publiquement. S’il y a eu un élément qui a mis à mal le régime de Faure Gnassingbé et d’autres acteurs politiques ces jours-ci, c’est bien l’hypermédiatisation du projet de retour avorté de François Akila-Esso Boko. L’intrusion fracassante de cet acteur que personne n’attendait au moment où le régime de Faure Gnassingbé tentait vainement de vendre le Plan National de Développement aux partenaires en les rassurant que le Togo est devenu un pays normal, est vécue comme une provocation voire un cauchemar. En quelques jours l’ancien ministre de l’Intérieur, à travers les médias du monde, a réussi à imposer son agenda au régime et, au-delà, à l’ensemble de la classe politique.
Depuis sa tournée aux USA, sa première sortie sur la VOA et les passages sur les médias de forte audience français américains, allemands, anglais, le régime de Faure Gnassingbé s’est retrouvé désorienté et visiblement sans défense, tant l’artillerie médiatique internationale et nationale était très lourde. Jamais un homme politique togolais n’a réussi à attirer autour de sa personne autant de médias, juste pour un retour au pays. La riposte du régime face à cette machine médiatique a consisté à répandre dans l’opinion des mensonges, des contre-vérités sur la personne, comme si cela ne suffisait pas de proférer des menaces à travers les canaux d’intoxication habituels.
Les abonnés à la maison bleue et leurs cerveaux lubrifiés s’en sont mis à cœur-joie, parfois rappeler à l’ordre par certains qui mangent à la même table comme eux et mieux outillés sur les questions militaires, notamment sur le sujet de la prétendue désertion. Plus les menaces et intimidations étaient brandies, plus l’ancien ministre de l’Intérieur était déterminé à rentrer au pays pour affronter ceux qui menacent de le faire passer à la cour martiale.
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Cette témérité de François Boko jusqu’à la dernière minute a poussé le régime de Faure Gnassingbé à changer de plan. Au lieu d’une arrestation à Lomé qui aurait eu un échos médiatique sans précédent et provoqué des remous au sein du régime, les tenants du pouvoir ont opté pour le risque zéro, c’est-à-dire l’empêcher de prendre même l’avion au départ de Paris. L’incident provoqué par le refus de la compagnie Air France d’embarquer François Boko et sa délégation sur injonction, sinon menace du pouvoir de Lomé et le relais médiatique qui en a été fait ont discrédité davantage le pouvoir de Faure Gnassingbé.
A Lomé dans les arcanes du pouvoir malgré les vociférations de quelques plumitifs lubrifiés, on accuse le coup et les langues courageuses se délient en reconnaissant que ce dossier a été très mal géré. Selon un économiste bien connu, François Boko a mis en mal le PND de Faure Gnassingbé et les 2 milliards consacrés à la communication de ce projet sont partis en fumée. Les incidences en termes d’image pour le régime de Faure Gnassingbé sont désastreuses.
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Les tirs groupés de certains abonnés à la maison bleu assortis de chantage, de mensonge carrément avec un seul objectif, ternir l’image de ce nouvel adversaire , ne sont en réalité que le reflet des dégâts au sein du régime. Si l’ancien ministre de l’Intérieur n’était pas une menace pour le régime qui voulait le traduire à la cour martiale pour désertion, on aurait pu l’autoriser à rentrer pour faire face à ses responsabilités devant ses frères d’armes.
Cette médiatisation foudroyante autour de François Boko, en dehors du pouvoir , n’a pas également été du goût de certains acteurs politiques pour des raisons que tout le monde peut deviner. Tous ceux qui cherchaient d’une manière ou d’une autre à remettre en question ce travail méticuleux n’étaient en réalité que des gens en mission pour des chapelles politiques.
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Le retour avorté de l’ancien ministre de l’Intérieur n’est qu’une première étape d’une longue marche, d’un projet dont les contours vont se décliner dans les prochains jours. En d’autres termes, il faudra désormais compter sur François Boko sur la scène politique togolaise où les acteurs jouent le statu quo depuis 30 ans. Et pour y arriver, François Boko a réussi en quelques jours et après 14 ans d’exil à s’imposer dans la conscience collective des Togolais. Et c’est e retour en force sur la scène politique qui dérange énormément du côté du Palais de la Marina. Le mérite de l’ancien ministre, c’est d’avoir réussi ces jours-ci à ridiculiser le régime de Faure Gnassingbé sur la scène internationale.
Source:L’Alternative

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