Que prévoit le Code pénal pour un viol sur une enfant de 7 ans ? Et que devient cette peine lorsque le violeur est un récidiviste ? Au quartier Adidogome Apedokoè, plus précisément derrière l’IPG, le jeune Melessoussou Kévin, âgé entre 16 et 17 ans, fils de gendarme, a profité de la grande pluie qui s’annonçait le dimanche 7 avril 2019 pour exercer des violences sexuelles sur une fillette de 7 ans. Mais convoqué à la Brigade pour mineurs, le père s’est entendu avec l’officier de garde pour dédouaner le violeur et narguer les parents de la victime. Et le garçonnet ne serait pas à son coup d’essai.
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Si le gendarme Melessoussou Komi n’aurait pas des vidéos pornographiques sur son ordinateur auquel son fils aurait accès, possible que l’idée perverse n’aurait pas traversé l’esprit de ce dernier. Les parents de la fillette victime dont nous taisons les noms pour protéger leur intimité sont dans tous leurs états, malgré le temps qui passe et se demandent si c’est ainsi que fonctionne la Brigade pour mineurs au Togo. De victimes, ils se retrouvent sur le banc des accusés.
Ainsi, dimanche 7 avril, une grande pluie s’est abattue sur le pays. Mais quelques instants avant, alors que les nuages s’amoncelaient, une fillette a eu le malheur d’être envoyée par sa mère pour enlever le linge. Mais quand une enfant est déjà traumatisée par le passé, elle est désarmée lorsqu’on l’appelle. Kévin, fils, du gendarme Melessoussou Komi, était dans la maison et avait conduit l’enfant vers un garage au fond de la maison. Il s’est alors mis à violer la petite fille qui ne savait pas s’il fallait crier ou non. Mais une fille en apprentissage était entrée à ce moment et les avait surpris.
Le lendemain, une convocation a été prise pour le fils du gendarme sur mardi 9 avril. Mais parce que dans la nuit profonde, la petite se plaignait de douleurs au sexe, ses parents, plutôt que de répondre à la convocation, ont jugé plus urgent de la conduire à l’hôpital, au centre Kékéli. Et ils accusèrent un retard avant de se présenter à la Brigade pour mineurs. Ce retard était suffisant pour Atitchen Nakpan, officier de Police adjoint en charge de l’affaire, pour abandonner la proie pour l’ombre. Ainsi, plutôt que de s’occuper de l’auteur du viol cet officier se serait acharné sur les parents, les accusant de tous les maux et les réprimandant de s’être rendus à l’hôpital au lieu de répondre à la convocation. A en croire les témoins, c’était comme si c’étaient les parents de l’enfant qui étaient fautifs, puisqu’il serait allé jusqu’à compatir pour le fait que Kévin Melessoussou risquait de rater une interrogation. Cet officier aurait été même sourd à la demande d’une femme en uniforme qui, excédée, lui demandait au moins d’écouter la version des parents de la fillette violée sur ce qui s’est passé.
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Et, sans avoir auditionné l’auteur du viol, Atitchen Nakpan délivra une autre convocation à remettre à la jeune fille qui avait surpris Méléssoussou Kévin en plein acte de viol. Ainsi, sous les menaces du père du violeur, les parents sont repartis, la mort dans l’âme. « Et si c’était une fille de ce gendarme qui avait été violée, l’officier aurait-il pu laisser repartir l’auteur pris en flagrant délit de viol ? », se serait demandé un des parents. Il nous revient en plus que l’officier de Police aurait suggéré à son collègue gendarme de se trouver rapidement une autre maison pour quitter et laisser les parents de la victime. Une caution du mal en somme.
L’attitude des deux hommes en uniforme est d’autant plus cruelle que l’auteur du viol ne serait pas à son coup d’essai. En effet, nous avons appris qu’il y a un peu plus d’un an, ce même Kévin avait attiré l’enfant dans leur chambre et lui faisait regarder des films pornographiques sur l’ordinateur de son père gendarme. Juste après, il avait couché l’enfant ignorante et la violait. La petite soeur fit irruption sans crier gare dans la chambre, les surprit et se mit à crier. En ce temps, les parents de la fille, plus soucieux de préserver les relations entre membres d’une même maison, avaient difficilement passé l’éponge sur l’évènement malheureux en prenant soin d’interpeller le père gendarme afin que plus jamais, ça ne se reproduise.
Mais peu de temps après, c’était au tour de la petite sœur de la victime, alors âgée d’à peine 2 ans, de se plaindre de douleurs au sexe à un moment où sa mère la douchait. Ne pouvant pas s’exprimer en ce moment, elle criait et répétait seulement : « Maman, Kévin, chambre ». Mais n’ayant pas été pris en flagrant délit de viol, cet évènement aussi passa. Ne dit-on pas « jamais deux sans trois » ? Le violeur a encore récidivé, mais ce dimanche devra lui être fatal.
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User de l’uniforme pour intimider et abuser de la population civile est monnaie courante, surtout que celle-ci craint souvent des représailles. Mais quand le fils d’un gendarme multiplie les actes de viol sur des enfants, et que son père, en complicité avec un responsable de brigade, cautionne la forfaiture, il urge que les supérieurs hiérarchiques réagissent pour montrer le bon exemple. Que ce serait-il passé si ce fils de gendarme violait l’enfant du Directeur général de la Gendarmerie ou du ministre de la Défense et des Anciens combattants? Que pense Suzanne Aho-Assouma, réélue fin juin 2018 pour un mandat de 4 ans au Comité des Nations Unies relatif aux Droits de l’Enfant ?
Le dossier traînerait dans les locaux de la Brigade pour mineurs ; mais pendant ce temps, les coeurs des parents de l’enfant victime de viol sont meurtris et Kévin continue de se rendre au complexe scolaire «La Consolation » comme si de rien n’était.
Nous nous sommes rendu à la Brigade pour mineurs afin de savoir le sort qui est réservé à un pédophile, mais en l’absence de l’Adjoint, nous avons laissé un contact.
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Hier soir vers 19h10, l’Adjoint nous a rappelé et quand nous lui avons demandé pourquoi il a laissé repartir l’auteur du viol, il nous a répondu que le plaignant n’a pas répondu à la convocation. « Il veut que je fasse quoi ? », nous-a-t-il demandé. Mais le père serait venu trouver l’auteur et son père à la brigade. Laquelle des deux versions croire ?
Abbé Faria
Source : Liberté No.2906 du Mardi 23 Avril 2019

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