Prévisions budgétaires, discussions, vote par l’Assemblée nationale, commande puis règlement. Voilà les étapes par lesquelles tout projet d’acquisition d’aéronefs destinés à une garde présidentielle d’un Etat qui n’est pas en guerre contre un ennemi extérieur, doit passer.

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Et lorsque cet Etat est de surcroit un pays « dit » pauvre très endetté qui recherche désespérément des ressources financières pour satisfaire aux besoins premiers liés à tout budget, le suivi de ces différentes devient plus rigoureux.

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« Dis-moi ce que tu achètes selon les périodes, je te dirai qui tu es ». Au nom du contrôle citoyen de l’action publique, au nom de la constitution qui donne le droit au citoyen d’interpeller ses soi-disant représentants, dame Tségan Djigbodi, présidente de l’Assemblée nationale, a l’obligation de passer à la barre. Parce que le Togo ne peut pas commander des hélicoptères de combat –d’autres pays passent ces commandes pour le bien de leurs populations- sans l’aval de l’institution qu’elle préside.

Parce que le Togo ne peut pas se permettre le luxe, pendant qu’il tend la main aux bailleurs pour soutenir ses budgets successifs, pendant que ses structures d’enseignement sont en état de décrépitude avancée – des salles de classe qui contenaient 40 apprenants, en contiennent aujourd’hui entre…120 et 150 sans modification de volume-, pendant que ses structures sanitaires sont à l’agonie –Faure Gnassingbé les a qualifiées lui-même de mouroirs-, d’acheter trois hélicoptères de combat équipés de canons conséquents.

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Mais si le ministre de la Défense, Faure Gnassingbé s’est autorisé ce « caprice », c’est nécessairement du fait de votre aval de l’Assemblée natonale. Alors, en qualité de présidente de l’institution qui avalise les budgets annuels avant leur exécution, le devoir d’explications réquisitionne Mme Tsegan.

Il n’est pas impossible que ces commandes d’hélicoptères se fassent sans l’avis de l’Assemblée nationale, le Togo étant connu pour être un pays atypique. Dans ce cas de figure, tous les citoyens qui participent à la survie du gouvernement par leurs impôts et taxes doivent réaliser qu’en définitive, les projets de budgets que le gouvernement fait semblant de soumettre aux « élus », et les faux semblants d’étude auxquelles ces derniers s’exercent, ne servent absolument à rien. Parce que l’insincérité budgétaire serait alors le mode de gouvernance économique au Togo.

Des retraités attendent toujours que leurs indemnités de départ à la retraite leur soient versées ; des praticiens hospitaliers montent au créneau ; des agents déflatés de Togocom menacent d’entrer en grève alors que la privatisation a rapporté en décembre 2019, soit quelques semaines après la livraison des hélicoptères, plus de 48 milliards qui auront « disparu » dans un semblant de collectif budgétaire. On était à moins de deux semaines de la fin de l’exercice 2019. Et aujourd’hui, on apprend que le Togo a acquis trois hélicoptères de combat pour la protection d’un seul homme. Que doit-on en déduire ?

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Gouvernance, vision, compétences, tels sont les fondamentaux d’un pays aspirant au développement, avons-nous écrit pas plus tard qu’hier. Cette information d’achat d’hélicoptères vient illustrer à n’en point douter l’objectif de l’exécutif togolais : le développement de la protection d’un seul homme. Pendant ce temps, d’autres pays comme le Ghana commandent des centaines d’ambulances pour mieux secourir les populations. Qui voit le rapport ?

13 milliards consacrés à l’achat de trois hélicoptères, il revient à chacun de faire ce petit calcul si le secteur de l’éducation en bénéficiait pour la construction des bâtiments scolaires pour désengorger les classes. Ou si les hôpitaux régionaux devraient subir un toilettage avec cette somme !

Liberté

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